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Souvent liés à la littérature, mes dessins essaient de renouer avec des images cruelles et extravagantes, proches dans leur esprit des bestiaires médiévaux. C’est avec cette fantaisie d’un savoir où les échos des mondes animaux et humains s’imbriquaient encore, où la science départageait de manière incertaine le réel du fantasme que mon travail aborde la représentation.
Le moyen-âge, époque de famine, de razzia, de guerres a su créer ses images vives, saisissantes, tordues, intrigantes, dont toute psychologie était pourtant exclue. La bête, la bestiole, l’animal autorise des hybridations libres et une appropriation des figures qui rappellent l’art de la marionnette.
Avec ces corps-affect, profondément présents mais déliés du langage articulé, se tissent ce rapport dérisoire et fragile qui nous autorise à parler de violence, de transgression, de passion triste, d’extase, de mort sans que cela nous isole dans le réalisme de notre histoire. Les corps animaux très divers et très mobiles permettent l’expression d’un geste qui nous appelle comme même et comme autre.
Dans ma pratique, j’ai privilégié exclusivement le travail sur papier parce que j’attache une grande importance à une certaine transparence du trait. Les possibilités dynamiques des techniques de plume, d’encre et de crayon conviennent au rythme, et à la nervosité que je souhaite imprimer aux scènes ainsi formées. Certaines œuvres se comprennent comme des installations qui fonctionnent dans des jeux de répons.